Un soir de décembre au CND

Publié le par Le petit rat



A chaque fois que je vais au CND, je me dis que je suis feignante de ne pas y aller plus souvent. Ce lieu est vraiment merveilleux. C'est un bâtiment incroyable, d'un beauté brute admirable qu'il faut aller voir au moins pour l'architecture. Arrivée vers 18h j'en profite pour faire l'exposition Trisha Brown que je n'avais pas vue.
L'exposition vidéographiste porte sur les mouvements browniens. D'après le petit Robert, un mouvement brownien est un "mouvement désordonnée de très petites particules". De nombreuses vidéos défilent sur quatre écrans. Je regarde un bout d'Orphée et Eurydice, de It's a draw, et bien d'autres mais je n'ai pas eu le temps de noter tous les titres. La danse de Trisha Brown est marqué par ses mouvements très particuliers, des petits riens, un fil qui tire un poignet ou un orteil. Une grande place est faite aux arts plastiques dans ses performances. Très belle expo on y resterai la journée. Je suis bien obligée de regarder ma montre pour aller me rendre à la première performance de la soirée.

  • Last, last collectif
Une lumière blanche m'éblouie, je ne peux pas regarder la scène protégée par ces faisceaux lumineux. Quand les gardiens de la scène s'éteignent, mes yeux sont plongés dans un noir profond. Trois lumières orange s'allument alors et se meuvent dans l'obscurité. Elles bougent comme des têtes chercheuses sur une musique qui vrombit tel un moteur de tracteur. Des pulsations semblables à des battements de coeur s'ajoutent à cette ambiance de fin de monde. La structure se dévoile peu à peu sans jamais se montrer complètement. Et c'est bien là le problème, rien ne se dévoile complètement. On entr'aperçoit dans cette obscurité des matières, de la toile cirée, un coton élastique, mais on est jamais certain de l'avoir vu. Il en va de même pour les danseurs. On les devine, on les entend bouger. On ne sait pas combien ils sont, ce qu'ils font. Le public reste dans ce flou et dans cette obscurité à tous points de vue. L'inadéquation musicale est frappante. La musique monte, le rythme s'accélère et pourtant il ne s'est quasiment rien passé. Cette parenthèse onirique se referme brutalement comme un rêve inachevé que l'on ne parvient pas à mémoriser. Le public reste coi quand les techniciens viennent démonter la structure. Que faut il faire? Se lever? Personne n'est venu saluer. Faut il applaudir? Peut être faut il simplement rouvrir les yeux et laisser aller son imagination.

  • Dromos 1 et 2
Le CND rend hommage à Phillipe Combes disparu en avrll dernier avec la présentation d'un de ces dernières créations.
L'idée est simple. Dans Dromos 1, tel un papillon enfermé dans son cocon, une danseuse est coincée avec son corps derrière une toile sur laquelle sont projetées des images échographiques. Dans Dromos 2, elle parvient à sortir de son cocon après une lutte contre le tissu. Cette sortie est fragile, les appuis sont faibles. Ainsi chaque phrase chorégraphique avorte d'une chute.
J'ai beaucoup aimé la première partie qui me semble très pertinente vue sous l'angle de la problématique du corps prisonnier de lui même ou d'une structure. C'est d'abord une forme figée depuis trop longtemps qui empêche le mouvement. Le corps enroulé en foetus parvient à tourner sur lui même et à déployer un bras sans pouvoir aller plus loin. Ensuite il décide de se confronter à l'image projetée. Ce passage est remarquable. La toile est coupée en deux, en partant du bas des pieds sont projetés. Ils sont à l'envers. Au dessus, seul un rectangle éclairé permet de voir la danseuse derrière. On ne voit que son pied qui tente une approche timide vers ces pieds numériques. Au fur et à mesure, l'image des pieds descend et il y a plus de place pour la jambe de la danseuse. Ce passage est absolument génial et je vous recommande d'aller voir la vidéo sur le site de la compagnie Cave Canem de Phillipe Combes. Après cela, la danseuse va se confronter à cette toile qui la retient.
Je n'ai pas été touchée par la deuxième partie. C'est d'ailleurs tout ce que je n'aime pas dans la danse contemporaine. J'appelle cela les corps qui tombent (le pire: des corps qui tombent à poil avec une nudité non justifiée! ouf là nous n'avons que les chutes!). Ces corps qui tombent et qui cassent l'écriture chorégraphique. J'ai aussi senti cela dans la salle vu les têtes penchées et endormies de mes voisins.
Phillipe Combes travaille dans cette création la contrainte, contrainte pour l'écriture chorégraphique et contrainte pour le corps dansant. Ce travail est réussi, brillant et talentueux dans Dromos 1. Bravo à la superbe Delphine Lorenzo qui signe une performance remarquable.



Danseurs
Delphine Lorenzo

Conception et chorégraphie
Philippe Combes

Vidéo
Cécile Babiole

Création Lumière
Patrick Riou

Musique
Pan Sonic

Création sonore
Philippe Combes

Assistante artistique
Nataly Aveillan

Régie générale
Séverine Combes

Diffusion
Catherine Serdimet

Je remercie tout particulièrement Mme Catherine Bialais et le CND de m'avoir invitée à cette très belle soirée.







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