Raoul James Thierrée au Théâtre de la ville

Publié le par Le petit rat

 

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© Laurent Philippe/Fedephoto

 

Raoul est un spectacle qui m'a plu sur bien des aspects et pourtant je ne suis pas sortie avec l'enthousiasme débordant qui régnait dans la salle. Peut-être en avais-je trop entendu sur le spectacle, peut être m'avait-on trop vendu le génie de James Thiérrée.

 

D'entrée, on est plongé dans un décor de fin de monde. Des draps couleur crème, que le personnage fait valser dès son arrivée. On dirait un petit animal qui bondit de tringles en tringles pour s'approprier l'espace. Au sol, des traces blanches, comme de la neige. Au centre, une cabane faite avec de grandes tiges de métal. Le personnage se déshabille, il ressemble à un militaire à la fin d'une campagne de guerre. Il a un paletot et des souliers qu'il déchausse. Il hurle "Raoul.... Raoul.....". Il frappe dans cette cabane, deux murs tombent en faisant un grand fracas. Dans la cabane, il y a Raoul, son double. La musique de Schubert contribue à intriguer le spectateur. Est-il seul? Est-ce son jumeau ? Qui est cet homme dont il veut se débarrasser? Un démon, un double mauvais qu'il l'empêcherai d'exister ? Tous les objets de cette petite cabane vont être sujets à exploration, expérience. Ils vont devenir des instruments de musique, des déguisements, des objets de crainte. En dévoilant l'intérieur de cette prison, Raoul se libère et explore un univers onirique. Son corps tremble plus vite que le vent, il danse avec une souplesse qui défie des lois de l'anatomie. Il glisse, se déhanche, avec une tristesse douce.

La musique a un grand rôle dans le spectacle. Elle l'accompagne, le dérange aussi parfois. Sortir de l'espace de la cabane semble au début impossible, cela arrête le son. Il faut alors aller le chercher ailleurs. Parfois la musique est trop forte, Raoul se bouche les oreilles, et nous sommes avec lui dans sa tête.

 

Que rencontre t-on dans nos rêves ? Plein de monstres répondrait un enfant. Ici tout un bestiaire défile. Un poisson qui ressemble fortement à un silure, vient jusque dans son antre. Une belle anémone danse avec lui, un éléphant lui sert d'oreiller. Les animaux apparaissent et disparaissent. Ils interpellent ce personnage, le font changer.

 

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© Laurent Philippe/Fedephoto

 

 

Si j'ai parfois trouvé des longueurs, à cause de la répétition de certains procédés, on est parfois frustré du manque d'utilisation d'autres. On pense au passage avec le lustre, qu'il cherche à tout prix à accrocher, puis il ne se passe plus rien avec cet objet. Eblouie par sa danse, par ce corps qui peut prendre toutes les formes, j'ai adoré ces passages qui sont des moments d'intériorisation, où l'aventure s'arrête. Elle reprend quand un membre lui fait défaut et on ne peut s'empêcher de penser à son aïeul. Un genou qui ne veut plus se plier, une main qui fait ce qu'elle veut. Un organe qui se déplace dans son corps et qu'il faut aller chercher. Il nous fait rire, nous emmène avec lui dans toutes ses émotions. L'angoisse d'être seul, la joie de la musique et de la danse, l'amusement, le jeu avec les objets, la rencontre des animaux. On est au milieu d'un rêve et chacun se retrouve dans les différentes aventures de ce personnage fantasque.

 

A la fin James Thiérrée vole et s'envole. Le rêve est fini. Raoul est parti, il a tout détruit autour de lui. Il est dans le noir et vole devant des spectateurs enchantés. La salle est debout, applaudit avec joie l'artiste et toute sa bande.

 

Merci à D*** qui a fut très matinal pour avoir des places.

 

un spectacle mis en scène & interprété par James Thierrée
costume, bestiaire Victoria Thierrée
son Thomas Delot
lumières Jérôme Sabre
scénographie James Thierrée
interventions scéniques Mehdi Duman
assistantes à la mise en scène Laetitia Hélin & Sidonie Pigeon
intervenants artistiques Kaori Ito, Magnus Jakobsson, Bruno Fontaine
avec les volutes électriques de Matthieu Chedid

Durée 1h40

 

Raoul de James Thierrée

Du 28 décembre 2011 au 10 janvier 2012

 

 

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