La belle au bois dormant par le Ballet de Kiev
Mon amie L*** m'a proposé de l'accompagner voir le Ballet de Kiev au Zénith de Paris il y a deux jours. Je n'avais pas pris de place pour ce ballet, je ne connaissais pas la compagnie, et le Zénith me laissait un peu perplexe. Je ne suis jamais allée voir récemment de la danse dans de grandes salles comme cela. J'ai un souvenir d'être allée au Palais des congrès avec ma grand mère voir Cendrillon par le Bolchoï.. Je vous dis ça il me reste le programme dans ma bibliothèque et cela constitue aujourd'hui l'unique souvenir.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, c'était très médiocre. Et ce pour plusieurs raisons.
Il fallait d'abord entrer dans le Zénith sous une pluie bien désagréable. Cela a pris un certain temps, et il faut encore attendre que l'ouvreuse nous place. Tiens elle est payée au pourboire, je trouve ça scandaleux que ce genre de rémunération existe encore, bonjour le droit du travail. Nous sommes donc installées dans cette salle immense qui se remplit peu à peu. Des vendeurs passent avec des programmes, mais aussi des glaces et tout un tas de cochonneries. Quand je vais au cinéma, je déteste (oui vraiment, j'ai déjà quitté une salle pour ça) quand les gens mangent. Alors là? Non c'est un blague il ne vont pas se faire des chips pendant le spectacle. Restons calmes. L'heure tourne et le spectacle ne commence toujours pas. Je regarde l'heure, 20h55... mouais bon il serait temps que ça démarre... La salle se met à applaudir pour tenter de faire commencer ce ballet. On nous met dans le noir, mais toujours rien. Ouf il est 21h10, on éclaire le berceau et la musique démarre! La musique comment vous dire? Musique enregistrée - ça je le savais avant d'y aller - mais quel enregistrement ! Horrible, ce qui provoque chez L*** et moi de nombreux fous rires, mêlés d'indignation. Même sur deezer, l'enregistrement est meilleur, c'est vous dire la qualité du son ce soir. Ajoutez à cela des enceintes uniquement placées sur le côté de la scène, cela vous donne une espèce de bruit de fond en mono, et vous laisse un peu à côté. Je vous passe les bruits de chips, glaces et autres boissons, plus les flashs pendant tout le spectacle (du coup puisque tout le monde prend des photos, moi aussi, mais sans flash!). Dur, dur de se concentrer.
Sur la scène, on a un décor en carton, un petit berceau, et une rangée de spots bien évidents...Les courtisans entrent sur scène, avec des costumes tous plus kitchs les uns que les autres. Voilà le roi et la reine, très élégants avec leurs perruques blanches. J'ai du mal à me concentrer, c'est difficile avec tout ce monde. Entrée des fées, c'est pas mal, la chorégraphie est différente de celle que je connais. Elles ne tournent pas au début en se tenant les mains, de même dans l'alignement avant les pirouettes, ce sont des petits soldats à cape dorée qui viennent les faire tourner. Je n'ai pas acheté le programme, la seule information que je suis parvenue à avoir c'est juste "chorégraphie de Marius Petipa"... euh oui mais faut nous dire qui a transformé à ce point cette chorégraphie. Si quelqu'un a l'information, je suis preneuse. On a le droit à la Fée Lilas, qui jette ses jambes qu'elle a pourtant très belles. La variation manque terriblement de suspension qui en fait normalement le charme. Le regard du spectateur doit suivre la pointe du pied qui doit former un arc de cercle dans l'espace. Rien de tout ça, la jambe monte et retombe, le regard suit, il va directement au sol. L'effet baguette magique qui doit arroser la salle de charmes de de dons bienveillants ne se produit pas. C'est bien, c'est propre cela ne va pas plus loin. Et là, c'est le drame, voilà que la fée Carabosse débarque ! Où sont passées les variations des fées?! C'est quand même le meilleur moment dans la Belle au bois dormant.
On passe sans transition aucune, puisqu'il n'y a pas de rideau, et donc pas de changement de décor, à l'anniversaire des 16 ans d'Aurore. Elle entre sur scène avec un tutu rose Barbie. Rien de très convaincant dans son jeu de scène ni dans celui de ses camarades d'ailleurs. Elle sait très bien qu'elle ne doit pas se faire piquer et pourtant elle s'amuse avec une longue aiguille, son père le sourire béat lui court péniblement après, là encore on n'y croit pas. Je préfère la version bouquet de fleurs où Aurore se pique sans voir l'aiguille.
La princesse tombe au sol et la fée des lilas conjure le sort en l'adoucissant, au lieu de la mort, la princesse dormira cent ans.
Entracte... le moment de faire un bilan. Certes, le ballet n'est pas terrible dans une version qui me semble bien raccourcie, mais cela a déplacé du monde qui ne va pas forcément à l'Opéra ou dans les théâtres parisiens. J'étais tout de même contente de voir que beaucoup était là en famille, c'était leur cadeau de Noël. J'ai quand même envie de leur crier, qu'à l'Opéra c'est moins cher et de meilleure qualité.
Arrive le prince Désiré, pas viril pour un sou, avec des jambes qui ressemblent à des baguettes quand il danse. Gros problème d'en dedans chez ce garçon, les arrivées des sauts sont catastrophiques et la position cinquième doit lui être inconnue. On continue dans le kitsch avec les bonnets de bain qui jonchent la tête du corps de ballet, qui ceci dit ne s'en sort pas trop mal. La vision d'Aurore me berce dans l'ennui et je résiste pour ne pas fermer les paupières. Aurore est tout sauf un rêve prometteur. Même reproche que pour la fée Lilas. Les jambes sont jetées, pas de nuances. Elle est plutôt bonne technicienne mais ne raconte rien. Son visage est le même depuis le premier acte. Petite bataille avec Carabosse et ses lutins, la fée Lilas emmène Désiré vers le château endormi. Réveil de la princesse, cela ne m'émeut pas et je sais qu'il reste l'acte III qui est long.
Les duos des contes de Perrault défilent. Seul le duo de l'oiseau bleu, pourtant réputé très difficile, apporte un peu de danse dans cette soirée. Pas de danses des pierres précieuses, là aussi supprimées dans cette version. Voilà, au-delà de tous les aspects techniques (son, bruit de chips, lumières, ah oui je ne vous ai pas dit que par moments les danseurs ont été plongés dans le noir... on a pas la même notion de la lumière tamisée avec l'ingénieur lumière), ce qui manque terriblement à cette compagnie, c'est la danse tout simplement. Techniquement ce n'est pas si mal (excepté le prince), mais ils ne racontent rien. Il n'y a là qu'exploits techniques avec des jambes qui se lèvent aux oreilles même en arabesque, mais pas d'âme, pas de magie. A aucun moment je ne suis entrée dans le conte, je suis toujours restée à distance. Je suis sortie épuisée de cette représentation, car pendant tout le temps du ballet j'ai essayé de m'y accrocher, d'oublier la chorégraphie de Noureev que j'ai dans la tête et dans les pieds, d'oublier la musique. C'est un ballet qui doit être un tout, une sorte d'union entre le livret, la musique, le décor, les costumes, la danse et le partage avec le public. Il manquait beaucoup d'éléments ce soir là.
- Distribution du 09 janvier 2011
Ne m'étant pas procuré le programme, et ne connaissant pas les artistes de ce ballet, je vous transmets uniquement ce que j'ai pu trouver sur le net.
Tatiana Goliakova alterne avec Ekaterina Koukhar dans le rôle d’Aurore, aux côtés de d’Alexandre Stoyanov et Uvi Avizov, sur la chorégraphie imaginée par Marius Petipa en 1877.
Allez un petit peu d'Aurélie Dupont, pour se remonter le moral.