Gala des étoiles du 21ème siècle, 14ème édition

Publié le par Le petit rat

Gala des étoiles du 21ème siècle

© TCE


J'aime les "Ohhhhh" du public quand on annonce que Lucia Laccara et Cyril Pierre seront absent du gala, puis les "ahhhh qui suivent quand le public apprend qu'ils sont remplacés par la venue Evan McKie. 

Le gala s'ouvre en demi-teinte avec un Corsaire dansé par Aleszja Popova et Máté Bakó. Les costumes très kitschs et colorés ne compensent pas la fadeur de ce pas de deux. Popova a des jambes plus qu'élastiques qui donnent un côté gymnique, mais pas très dansant. On ne voit que ça, ceci dit le haut du buste n'est guère mieux, je ne vous parle pas des mains. Ce couple ne raconte pas grand chose dans sa danse, c'est une entrée en matière assez étrange.

Sagalobeli, me séduit beaucoup. Le pas commence sur un fond vert où le couple apparait comme une ombre. Cela m'a fait penser au film Princes et Princesses de Michel Ocelot. On entre dans un univers très poétique. C'est une vraie découverte, sur une jolie musique traditionnelle georgienne. Le couple entre dans une profonde intimité et le partenariat est très beau. Il y a des poses dos au public qui marque une pudeur douce, puis s'ensuit des portés vertigineux, avec des renversés. On sent une osmose forte entre Lali Kandelaki et Vasil Akhmeteli, ils suspendent le temps, que ce soit dans les portés ou dans un simple rond de jambe.

Panta Rhei est l'extrait suivant et c'est un moment plutôt agréable, mais qui me laisse avec un sentiment indifférent. Le vocabulaire est riche, c'est une danse qui emprunte à beaucoup d'autres. Côté interprètes, Yolanda Correa et Yoel Carreño, proposent quelque chose de très propre, avec une certaine implication. Je passe à côté de cette variation, je ne sais pour quelle raison.  

Le Grand Pas Classique  est une pure performance. SI je passe outre le tutu affreux, la variation de couple est bien exécutée par Alys Shee et Mikhail Kaniskin. Lui avec son sourire indécollable offre une variation avec de jolis sauts, aux réceptions honorables. Elle est très sensuelle, tout en gardant une élégance et un raffinement dans les bas de jambes. Les petits sauts sur pointes en sont un bel exemple. Ses fouettés par la suite suscitent l'engouement du public avec 4 têtes par trois fois. Très impressionnant. 

Le "ahhhh "du public à l'annonce d'Evan McKie était bien mérité. C'est dans une variation néoclassique de Douglas Lee, Fanfare LX, que vont s'illustrer Evan McKie et Elisa Carrillo. Dans cette pièce sombre, la danse ne semble jamais s'arrêter. Il y a un côté très iréel. Il y a beaucoup de torsions qui provoquent une forte tension entre les deux danseurs. Les corps s'étirent, s'enroulent, se déroulent, des formes vous marquent, vous restent dans les yeux. On sent beaucoup d'influences dans ce duo, il y a un côté disloqué parfois, comme on peut le trouver chez Mc Gregor. Ce tourbillon emporte l'adhésion du public, qui récompense chaleureusement les deux artistes.

J'ai détesté Les Bourgeois. Les mimes sur les paroles de Brel, non merci. C'est très pauvre chorégraphiquement, ça ne me fait pas rire, contrairement à une bonne partie du public. Si Davit Galstyan montre de belles qualités malgré tout, notamment une très jolie petite batterie, je suis complètement gênée par cette chorégraphie ridicule. Je trouve cela de très mauvais goût.  

Petit bijou pour finir la première partie, Stars et Stripes de Georges Balanchine avec Yana Salenko et Daniil Simkin. C'est un divertissement bien plaisant et drôle. Il a été écrit par le chorégraphe russe pour remercier son pays d'accueil. Daniil Simkin a vraiment l'air d'un petit soldat avec son air juvénile. On dirait un petit jouet qu'on remonte dans le dos. Elle, est aussi une petite poupée qui a les yeux bien ouverts. Tous deux ont une technique parfaite. Le petit prodige aux cheveux d'or fait encore preuve d'une grande virtuosité dans son solo, mais ne manque pas d'être un partenaire exemplaire. Yana Salenko se montre elle aussi brillante dans son solo qui est assez difficile techniquement, comme souvent chez Balanchine. Ovation du public qui sort à l'entracte, ravi.

 

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© Elendae

 

Après l'entracte on nous sert un Don Quichotte très mauvais. Ce couple georgien, Lali Kandelaki et Vasil Akhmeteli, que j'avais trouvé excellent dans l'oeuvre proposée en première partie, me déçoit complètement. Des fois, il y a des extraits qu'on devrait s'interdire de revoir si ce n'est pas Vassiliev qui les danse. Lui se prend pour Don José dans Carmen, alors si la touche espagnole est là, il se trompe de personnage. Elle oublie complètement de sourire et manque de pétillant et de paillettes. Sa série de fouettés, hormis des tours un quart, est fragile, et on retient son souffle pour savoir si elle va les finir. Après les fouettés, le couple se relâche et cela devient pas trop mal. C'est dommage tout ce stress, car il y a un joli potentiel, mais ça manque de danse.

Décidément, les couples sont bien meilleurs dans le néoclassique pendant ce gala. Way of words permet à Aleszja Popova et Máté Bakó de s'exprimer dans un registre qui leur va mieux que celui du Corsaire. La scénographie est intéressante. Au sol, il y a deux carrés de lumière dans lesquels évoluent les danseurs. Ils sont chacun dans leur espace, sur la musique, des bruits de touches de machine à écrire. Chacun dans leur bulle, jamais ils ne se regardent. Peu à peu, la danse de l'un a des échos dans celle de l'autre. Les carrés s'agrandissent. Désormais, c'est un parcours lumineux qui se dessinent sur le sol. C'est assez envoûtant, on est dans l'attente. On aimerait qu'ils se rejoignent, ce qui arrive quand un rectangle violet apparaît sur le sol. J'aime assez cette danse, de nouveau très liée, très ronde.

Ambiance complètement différente quand l'idole dorée toulousaine arrive sur scène. Quasiment nu (il est vrai qu'à l'Opéra, il a une petite jupe qui lui cache le popotin), c'est une performance honorable mais qui ne rentrera pas dans les annales. Cela manque un peu d'éclat.

Le duo Alys Shee et Mikhail Kaniskin  danse lui aussi sa variation néo classique avec Transparente. C'est joli, bien dansé, mais ça ne me touche pas. Là encore je trouve ce couple meilleur en néo qu'en classique. Bizarre tout de même, cette incapacité à briller dans du classique pur.

La pluie offre un moment très intime et émouvant. Yana Salenko et Daniil Simkin  offre de nouveau un moment de virtuose tout en donnant à voir une danse délicate et très élégante. Dans une demi-obscurité, les deux être évoluent avec une certaine mélancolie. Comme un orage, La pluie passe et vous laisse un sentiment très agréable et doux.

Retour d'un grand classique avec Esmaralda dansé par Yolanda Correa et Yoel Carreño. Là encore, un tutu qui laisse à désirer, et une technique fragile, malgré de beaux équilibres de la part de la danseuse. La variation du tambourin manque de rythme et de fraîcheur.

On termine comme on a commencé, en demi-teinte, avec Carravagio dansé par Elisa Carillo et Mikhail Kaniskin. C'est une pièce que j'avais déjà vue au Gala des Etoiles pour le Japon, et qui ne m'avait pas emballée. Et bien rebelote, cela m'a laissée complètement indifférente.  

Final  grands sauts, saluts et foule d'applaudissements. Une belle soirée, avec de jolis moments en néo classique, j'ai été moins émue par les grands classiques. C'est toujours intéressant de voir des danseurs qu'on ne connaît pas ou des pièces qu'on a peu vues.  

 

 A lire ailleurs : Blog à petit pas

 

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Evan McKie et Elisa Carrillo Ballet de Stuttgart

Yana Salenko et Daniil Simkin  Ballet de l’Opéra de Berlin / American Ballet Theatre
Yolanda Correa et Yoel Carreño  Ballet de l’Opéra d’Oslo
Aleszja Popova et Máté Bakó  Ballet de l’Opéra de Budapest
Lali Kandelaki et Vasil Akhmeteli Ballet de l’Opéra de Tbilissi
Alys Shee et Mikhail Kaniskin American Ballet Theatre / Ballet de l'Opéra de Berlin
Davit Galstyan  Ballet du Capitole de Toulouse

 

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