Balanchine in Paris par Dominique Delouche

Publié le par Le petit rat

GEORGE BALANCHINE

 

Mon dilemne d'hier soir s'est finalement conclu en allant à la cinémathèque pour y rejoindre Fab et autres balletomanes. On y présentait donc le dernier film de Dominique Delouche, cinéaste désormais consacré à la danse.

Balanchine in Paris est construit de la manière suivante ; Ghyslaine Thesmar est interviewée par le réalisateur et elle fait le lien entre les différents extraits. L'idée est de montrer comment se fait la transmission d'un ballet, d'un pas de deux, et surtout ce qu'était la danse de Balanchine. Une danse tournée et centrée sur les femmes, sur ces bijoux, ces parfums que Balanchine mettait dans des écrins, pour qui il écrivait de superbes chorégraphies.

Avant la projection, Brigitte Lefèvre dit quelques mots et Dominique Delouche qui nous lit une lettre de Ghyslaine Thesmar qui ne peut pas être là ce soir.

On commence avec Le Palais de Cristal. On va voir Isabelle Ciaravola et Hervé Moreau en répétition avec Ghyslaine Thesmar dans le grand adage du 2ème mouvement, le tout superposé avec Ghyslaine Thesmar et Mickaël Denard dansant la même chose dans le Grand Escalier de Garnier. Les corrections de Thesmar portent beaucoup sur des ports de têtes ou des ports de bras qui doivent être plus grands, plus intense qu'en danse classique. L'adage est très beau, même si il vrai que le danseur n'y fait pas grand chose. On voit d'ailleurs un extrait où Balanchine retenait le garçon en coulisses pour que seule la ballerine ait les applaudissements et ovation du public.

On continue avec Le Chant du Rossignol où Myriam Ould-Braham prend un cours avec Alicia Markova qui lui transmet tout ce qu'elle a appris de Mister B. La danseuse avait 14 ans en 1925 quand elle a dansé cette variation pour la première fois. C'est le début de l'apprentissage et Markova corrige avec rigueur la jolie première danseuse. Les jambes doivent être moins hautes, les mouvements plus à l'écoute de la musique. Elle partage avec Ould-Braham et Platel qui assiste à la répétition, sa relation avec Balanchine, ses cours, tout ce qui lui a transmit. C'est un des moments les plus intéressants du film, car se pose la question de l'interprétation. Jusqu'à quel point un danseur a t-il la liberté de mettre sa touche de couleur ? A partir de quel point on change la chorégraphie ?

Ensuite Delouche nous colle un extrait qu'on connaît déjà, entre Violette Verdy et Monique Lourdières travaillant sur Sonatine. Sur grand écran ce n'est pas top, car la qualité de l'image est vraiment mauvaise. L'enthousiasme débordant de Verdy, ses petites phrases si propres à elle, et la danse de Loudières en font quand même un bon extrait sur la transmission mais une restauration n'aurait pas fait de mal.

On continue avec La Somnambule dansée par Muriel Hallé et Valéry Collin. Ici Nina Vyroubova et Milorad Miskovitch transmettent d'une façon différente. Ils dansent avec eux. puis ils échangent de partenaires pour apprendre à l'un et à l'autre son rôle. La leçon se finit par la variation complète filmé dans une obscurité douce qui sublime la danse.

La dernière leçon est d'une beauté toute particulière puisqu'elle met en scène Violette Verdy transmettant à Lucia Lacarra et Cyrille Pierre une valse. La scène se passe dans le petit foyer de la danse à Garnier.C'est le plus beau moment du film, Lacarra prend la lumière d'une façon merveilleuse, sa danse est impeccable, Violette Verdy s'éblouit devant tant de beauté. Ses métaphores autour du chat font une fois de plus rire l'assemblée, mais de voir toute la tendresse avec laquelle elle donne son savoir est un vrai bonheur.

Le film est bien rôdé, rien d'original ni dans la construction ni dans les extraits choisis mais il a le mérite de présenter au public le travail de Balanchine pour la Ballerine dans les pas de deux. Il est maintenant disponible en DVD.

 

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Les cinq leçons du film :

  • Le Palais de Cristal/Symphony in C
    Musique de Georges Bizet, chorégraphie Balanchine (1947/1949)
    Ghislaine Thesmar transmet à Isabelle Ciaravola et Hervé Moreau, étoiles de l’Opéra de Paris
  • Le Rossignol
    Musique Igor Stravinski, chorégraphie Balanchine (1929)
    Dame Alicia Markova transmet à Myriam Ould Braham, première danseuse de l’Opéra de Paris
  • La Somnambule
    Musique Bellini, chorégraphie Balanchine (1960)
    Nina Vyroubova et Milorad Miskovitch transmettent à Muriel Hallé et Valery Colin, sujets à l’Opéra de Paris
  • Liebeslieder Walzer
    Musique Brahms, chorégraphie Balanchine (1960)
    Violette Verdy transmet à Lucia Lacarra et Cyrille Pierre, étoiles au Bayerisches Staatsballett
  • Sonatine
    Musique Ravel, chorégraphie Balanchine (1975)
    Violette Verdy transmet à Monique Loudières, étoile de l’Opéra de Paris

 

 

« Balanchine disparu, il nous reste des ballets qui ne survivent que grâce au geste et au dire des danseurs, ceux-là mêmes sur qui Mr B. a sculpté de première main sa chorégraphie.
Ce sont ces figures historiques, ses muses que j’ai convoquées afin qu’elles déposent, tel un pollen, leur héritage balanchinien auprès de nouvelles générations de danseurs. Alicia Markova avec le concours d’Élisabeth Platel, Nina Vyroubova et surtout Violette Verdy et Ghislaine Thesmar m’ont livré les bribes d’un patrimoine génétique, alimentant chez moi cette lente poursuite d’une anamnèse, c’est-à-dire d’une mainmise sur le temps qui passe » - Dominique Delouche

A voir cette vidéo extraite de Violette Verdy et Mr. B.
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